Long live new flesh
Papiers voilés et pliages de cibachrome
2021 - 2023
Cette série propose une relecture contemporaine du médium photographique en s’affranchissant de sa fonction conventionnelle de représentation. Les œuvres présentées explorent la photographie en tant que matière, à la croisée de l’image, de la sculpture et de l’installation.
À travers une série de pièces abstraites, souvent tridimensionnelles, j’interroge la matérialité de la lumière, la mémoire des surfaces photosensibles et le potentiel tactile du papier photographique. Issus de processus argentiques expérimentaux, ces travaux sont réalisés sans recours à l’image figurative produite par appareil. Les gestes du laboratoire - peinture lumineuse, manipulations, pliages, distorsions - deviennent les véritables outils de création. Il en résulte une série d’objets photographiques : tirages mis en forme, papiers photos courbés ou tendus, effets cinétiques, jeux de superpositions et de reflets. Chaque pièce fonctionne comme une forme autonome, où la lumière devient à la fois sujet et agent de transformation. Au cœur de cette démarche se trouve la notion de peau photographique : la surface est traitée comme une membrane vivante et réactive, sujette à la mutation, à l’empreinte et à la mémoire. Les œuvres évoquent des peaux en tension et des des surfaces en transition, archives visuelles instables, le Cibachrome étant un procédé aujourd’hui disparu. Par une scénographie épurée et précise, la série met en valeur la dimension sculpturale de ces images modulables, maintenues uniquement par la force d’un jeu d’aimants, tout en respectant leur fragilité. Elle ouvre un espace de contemplation autour de la rémanence de la lumière et de la lente disparition des techniques photographiques argentiques aujourd’hui. En réactivant les rebuts et déchets issus du laboratoire photographique, je propose également une réflexion sur les cycles de transformation, sur ce qui persiste, et sur le potentiel poétique de la dégradation et du renouveau. Ce travail est à la fois une recherche plastique, une archéologie visuelle et un geste de résilience du médium photographique. J’invite le regardeur à entrer dans une matière sensible, changeante et incertaine, comme une mémoire à vif qui refuserait de s’éteindre.