Intermittences
Pliages et tirages argentique sur papier japonais
2016
Émulsionné manuellement, puis plié selon une matrice rigoureuse, le papier photographique devient à la fois surface sensible et volume sculptural. Les manipulations opérées révèlent des cicatrices, des tensions internes où la matière semble porter la mémoire de son altération. La photographie ne se limite plus à représenter : elle devient un territoire plastique, une construction en constante transformation.
Le pli, en tant que geste structurant, crée des failles (du latin fallere, "tromper", "faire défaut") des zones d’ombre et de lumière où les détails s’évanouissent, altérant la perception et rendant instable toute tentative de lecture. L’image initiale se fragmente, se décompose, appelant à être recomposée. Cette dynamique produit un réseau labyrinthique, où l’aléatoire et l’ordre cohabitent dans une tension fertile. À travers ce processus, la photographie se fractalise. Les motifs, bien que dissemblables, renvoient les uns aux autres dans une équivalence mouvante. Chaque fragment, tout en étant unique, contient la résonance du tout. L'œuvre interroge ainsi notre rapport à la vision, à la mémoire de l’image, et aux formes de narration visuelle qu’autorise la matière même de la photographie.