FLUX

Chimmigrammes
2019

Cette série explore les marges du geste photographique, là où les erreurs techniques, les dérèglements chimiques et les accidents mécaniques deviennent matière première.

Ces images ne sont pas construites, elles sont révélées dans un va-et-vient entre maîtrise et abandon. Loin de chercher à dissimuler les dysfonctionnements du laboratoire, ce travail les met en lumière : les rebuts deviennent archives, les coulées des écritures, et les strates oxydées des palimpsestes d’un récit spectral. Le flux désigne ici un mouvement permanent, celui des liquides chimiques, du temps étiré du développement, mais aussi celui de la pensée qui glisse entre abstraction et mémoire matérielle. Les surfaces photographiques deviennent les témoins d’une pratique où la photographie ne documente plus, mais performe. Elle parle, s’exprime, se trouble. Et moi, je n’interviens qu’en écho : j’accentue les altérations, je prolonge les détériorations, j’exagère les résidus. Ces chutes racontent une photographie qui ne cherche plus l’image, mais sa propre présence. Ils incarnent une esthétique de la sur-dégradation, où l’accident, loin d’être un défaut, devient le cœur de la démarche. Un théâtre des apparitions, où chaque trace, chaque tache, chaque effacement est une voix du processus en train de se faire.

Cibachrome oxydé issus d’un
problème mécanique
60x120 cm
2019
Cibachrome oxydé et mis en volume issu d’une erreur de développement,
40x60x5 cm
2019